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Gatchaman Crowds : les super héros à la sauce 2.0

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Faire du neuf avec du vieux permet de connaître le succès en limitant les prises de risques, et c’est d’autant plus vrai depuis quelques années. Évidemment Hollywood et son amour pour les remakes est probablement le premier exemple qui vous vient en tête, mais vous vous doutez bien que l’animation japonaise n’est pas épargnée par ce phénomène. C’est ainsi que l’illustre Kagaku Ninjatai Gatchaman, appelé chez nous la Bataille des Planètes pour les 2 amateurs de gloubiboulga du fond, a signé son retour avec non pas un mais deux titres durant l’année 2013. Il y avait d’un coté un film live sobrement intitulé Gatchaman et de l’autre une série d’animation répondant au doux nom de Gatchaman Crowds. C’est justement de cette dernière dont nous allons parler aujourd’hui. A la barre de ce projet on retrouve l’excentrique Nakamura Kenji dont la patte si particulière a engendré des choses allant du génial au sympathique. En ce qui concerne la production, c’est  bien entendu le studio Tatsunoko qui s’occupe de mettre sa vieille licence au goût du jour. Enfin pour rassurer ceux d’entre vous qui seraient allergiques aux vieilleries, sachez que Tatsunoko est un studio dont la réputation en matière de super héros n’est plus à faire.

Gatchaman Crowds nous raconte les débuts de Ichinose Hajime au sein d’une organisation de super héros. Ainsi dès ses premiers pas chez les Gatchaman, la jeune lycéenne remet en question certaines règles établies et décide de résoudre les problèmes à sa manière. Cependant l’excentricité d’Hajime se révèle rapidement indispensable pour que les justiciers masqués traditionnels puissent se moderniser. En effet, un nouveau réseau social favorisant l’entraide entre les utilisateurs semble remettre en question l’utilité des Gatchaman. Par ailleurs un redoutable ancien ennemi profite de cette occasion pour faire un comeback. Nos héros déguisés en oiseaux devront donc déjouer les machinations de cet antagoniste tout en négociant leur transition au web 2.0.

Gatchaman Crowds s’attaque à beaucoup de valeurs traditionnelles. En effet, le contre-pouvoir que représente le réseau social Galax laisse les autorités sur la touche. Tout d’abord parce qu’il y a de nombreuses scènes où les utilisateurs de ce réseau social font le travail des pompiers ou de la police. En fait, dans ces scènes la sécurité civile est impuissante alors que les Crowds, qui sont des supers-utilisateurs de Galax, sauvent tout le monde. De plus, certains décisionnaires avouent leur incompétence à demi-mot en devenant des utilisateurs de Galax, tandis que d’autres se voilent la face et ignorent l’importance de ce réseau social. Par exemple, le chef des pompiers et le maires sont très vite introduit en tant qu’utilisateurs assidus du web 2.0, mais à chaque fois qu’un incident se déclare, ces vieux messieurs deviennent quasi-inutiles. Par ailleurs, le comportement des Crowds n’est pas sans rappeler certains hacktivistes. C’est un groupe d’individus anonymes et dépourvus de hiérarchie qui semble agir de manière chaotique. D’ailleurs leur fondateur est un idéaliste qui rêve d’un monde égalitaire dépourvu d’autorité. Enfin, Ichinose Hajime est également un des personnages s’attaquant beaucoup aux traditions. Les multiples règles qu’elle transgresse sont une sorte de un fil conducteur par le biais duquel nous suivons le récit. Qui plus est, les succès insolents qu’elle rencontre tendent à valider l’approche non-conventionnelle de la jeune fille, ce qui accentue l’impression que les adultes sont inutiles.

En ce qui concerne la mise en scène, on retrouve le style caractéristique de Nakamura Kenji. Ce réalisateur a un goût prononcé pour les couleurs éclatantes et l’expérimentation visuelle. A titre d’exemple, les personnages ont des cheveux multicolores parsemés de rayures. De même les ennemis qu’affrontent les Gatchaman ont des formes abstraites dans la continuité de ce que l’on a déjà pu voir dans [C] – CONTROL du même réalisateur.  Il y a également la base secrète des Gatchaman dont la touche art-déco multicolore ferait baver Valérie Damidot.
Par ailleurs, monsieur Nakamura a l’air de beaucoup aimer les personnages excentriques parce qu’on en voit dans chacune de ses séries. Pour l’occasion, Gatchaman Crowds introduit une ennemi qui fait parti des personnages les plus fous de l’œuvre du réalisateur, et c’est pas peu dire quand on sait qu’il a signé une série sur la psychiatrie.

Malheureusement, on sent que ce génie créatif est parfois limité par un modeste budget. Ainsi l’animation n’est pas vraiment le point fort de cette série. Heureusement la mise en scène dissimule habilement cette faiblesse si bien que la série reste quand même agréable à l’œil. De plus, les quelques scènes de combat sont animées en images de synthèse, ce qui limite les coûts tout en donnant un aspect irréel à ces bagarres de super-héros. Enfin, la série se paie le luxe d’avoir un épisode résumé, chose plutôt rare pour une production de ce format (11 épisodes).
Pour autant, Gatchaman Crowds réussit à flatter notre ouïe grâce à un doublage de qualité. Pour une fois Miyano Mamoru joue un personnage à la mesure du kitsch de son intonation. Dans Steins;Gate son interprétation de Hôôin Kyôma était horripilante , alors que dans Death Note il campait un ridicule Yagami Light. En outre, Uchida Maaya interprète une Ichinose Hajime bien chuu2byou, mais c’est pas comme si on n’avait pas l’habitude. On saluera également la bande originale qui dynamise pas mal la série. Elle est composée par  le mec qui a le vent en poupe en ce moment: Iwasaki Taku. Comme dans ses précédent travaux, on retrouve un mélanges de sonorités rock et electro, le tout saupoudré d’une touche de dubstep.

Lors de cette critique j’ai volontairement omis les liens entre Gatchaman Crowds et Kagaku Ninjatai Gatchaman. A vrai dire, c’est un peu parce que je connais mal La Bataille des Planète, mais surtout parce que ce dessin-animé donne l’impression que Nakamura Kenji ne s’est pas beaucoup soucié de la franchise. Tout comme l’héroïne de son histoire, le réalisateur s’écrit « PLACE AUX JEUNES !!!1!11!!1″ et se libère des contraintes imposées par 30ans d’OAV et de séries. Ce message est limpide car tout semble véhiculer le même discours, de l’esthétique hors-norme aux personnages excentriques en passant par le scénario progressiste. Gatchaman Crowds est donc un titre anti-nostalgique, un coup de plumeau qui dégage les vieux trucs poussiéreux et affirme haut & fort qu’il existe de bons animés récents.


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